Perspectives économiques et prévisions du marché boursier pour 2023

Par Gabriel Vézina

Conseiller en sécurité financière enregistré auprès de l’Autorité des marchés financiers

Adjoint aux conseiller(ère)s

Finissant au baccalauréat en administration des affaires, concentration planification financière

Diplômé du cours sur le commerce des valeurs mobilières au Canada

Impliqué dans l’Association des Étudiants en Finance de l’Université Laval et dans diverses compétitions académiques du réseau universitaire québécois

Groupe financier Stratège

 

En 2021, les marchés boursiers et les économies ont été marqués par une frénésie remarquable. Rares ont été les perdants, alors que les investisseur(e)s, dans une économie en croissance importante (voire trop), pouvaient injecter des ressources dans à peu près n’importe quoi et en retirer un rendement positif. La réalité fut bien différente pour l’année 2022, affectant le portefeuille de ces mêmes investisseur(e)s. Durant cette année, les marchés ont été frappés par la négativité, tant du côté des actions que des obligations. En effet, l’indice américain S&P 500 reculant de 19,4 % aux États-Unis et l’indice canadien S&P TSX reculant lui aussi de 8,97 %, sans parler du Bitcoin qui a perdu plus de 60 % de sa valeur. Constatant la surchauffe de l’économie, les banques centrales haussèrent les taux d’intérêt à un rythme jamais vu. Cette mesure avait ainsi pour but de ralentir et de vaincre l’inflation qui a atteint un nouveau sommet en 40 ans.

Maintenant, à quoi s’attendre pour 2023 ? Dans cet article, découvrez les perspectives économiques ainsi que les prévisions pour le marché boursier pour l’année 2023. Je conclurai en vous offrant notre vision du positionnement des portefeuilles sur un horizon à court et moyen terme. Les informations retrouvées dans cet article proviennent notamment des plus grandes banques et firmes d’investissement au monde. Commençons par parler d’économie.

 

Ralentissement économique

L’inflation a atteint des sommets cette année, aux États-Unis comme au Canada. La Réserve fédérale américaine et la Banque du Canada ont un objectif très clair pour 2023 : réduire l’inflation à 2 %. Toutefois, cet objectif vient avec un fort coût, soit de ralentir l’économie rapidement.

Afin de réduire l’écart entre l’offre et la demande, des politiques monétaires restrictives ont été mises en place. Pour cette année, la Banque TD s’attend à ce que les taux directeurs atteignent leur sommet à 4,5 % au Canada et à 5 % chez nos voisins du sud. De plus, la BDC prévoit une légère croissance du PIB de 0,5 % au Canada. Le marché du travail, toujours aussi serré, ne devrait pas être trop affecté, malgré son contexte du manque flagrant de main-d’œuvre.

Le consensus général est le suivant : l’économie nord-américaine a de fortes chances d’être frappée par une récession en 2023. Ensuite, l’inflation devrait diminuer aux alentours de 3 %, d’ici la fin de l’année. C’est plutôt logique, puisque l’impact des hausses du taux ne fait que commencer à se faire sentir. Celui-ci risque d’être plus important sur le marché plus sensible de l’immobilier canadien.

La divergence entre les prévisions se retrouve principalement dans la gravité de la récession en question. Sera-t-elle profonde et de longue durée ou plutôt courte et légère ? Seul le temps nous le dira.

 

Défis pour l’entreprise

Pour les entreprises, plusieurs points seront à surveiller de près, cette année. Premièrement, la pénurie de main-d’œuvre et le vieillissement de la population continuent d’être un enjeu de taille. Ce sera d’ailleurs le cas pour encore plusieurs années. Selon la BDC, il existe un décalage entre les compétences des travailleur(euse)s et les besoins des industries et des provinces. Heureusement, à mesure que l’économie ralentit et que l’immigration reprend, ce problème devrait légèrement s’atténuer. La BDC croit que cette pénurie aura encore une incidence sur les salaires et prévoit une croissance de 4 % de ce côté.

La firme comptable Deloitte relève aussi les problèmes de la chaîne d’approvisionnement qui ont été flagrants en 2021. Selon Deloitte, les chaînes d’approvisionnement continueront à se régulariser, car les niveaux des stocks sont l’un des facteurs clés contribuant à la contraction économique à venir. Effectivement, les entreprises ont, depuis les dernières années, diversifié leurs sources d’approvisionnement et augmenté leur capacité de stockage. Pour la suite, la clé sera de s’adapter aux changements de la demande pour éviter les surplus et rester flexible. Un autre facteur à surveiller de près est le prix de l’énergie, qui a un impact important sur les coûts de production.

 

Défis pour les consommateur(trice)s

Il va de soi que le contexte économique a mis une énorme pression sur le budget des contribuables, en 2022. Même si l’inflation risque de diminuer en 2023, le budget restera serré pour les familles. La banque américaine JP Morgan affirme que les surplus d’épargne faits durant la pandémie par les ménages devraient continuer de réduire, pour être complètement épuisés vers le milieu ou la fin de l’année 2023. De plus, les soldes de cartes de crédit sont en hausse de 15 % depuis un an, représentant la plus grande hausse en 20 ans. Bref, ce n’est pas une situation évidente pour les consommateur(trice)s.

Avec les hausses de taux que nous avons vécues en 2022, le coût des intérêts est beaucoup plus élevé qu’auparavant, affectant de manière importante le marché immobilier canadien. En effet, quelque 33 % des Canadien(ne)s ont une hypothèque, dont le tiers à taux variable. Gardant à l’esprit ce contexte, on remarque que les mises en marché ont augmenté, alors que les ventes reculent — reflétant la hausse de l’offre et baisse de la demande.

L’inflation canadienne, enregistrée à 6,8 % en novembre 2022, est principalement influencée par le prix de la nourriture, de l’énergie et du logement. Ainsi, étant donné la nature essentielle de ces dépenses, les contribuables les plus touchés sont les familles à bas et moyen revenu. Tant que l’inflation ne diminuera pas de manière considérable, on constatera un resserrement du budget chez les contribuables, en raison de la hausse du coût de la vie et du coût de l’endettement. Faire des choix éclairés et réfléchis pour ses finances personnelles est la clé pour 2023.

 

Marché boursier : Prévisions et positionnement 

Retour à la réalité

L’année 2023 annonce un retour à la réalité sur le marché boursier. Le temps où l’on pouvait acheter n’importe quoi et faire un rendement est révolu. Il faudra ajuster et diversifier les portefeuilles, pour bien performer dans un contexte complètement différent des dernières années. Blackrock, important gestionnaire de fonds, mentionne s’attendre à une autre baisse du marché des actions dans la première moitié de l’année. Selon leurs analyses, le marché n’aurait pas encore totalement évalué les revenus espérés des entreprises dans l’économie en récession, comme on peut le voir sur l’image ci-dessous. La ligne noire représente le rendement total, tandis que les traits roses représentent les revenus espérés.

 

 

La firme JP Morgan prévoit aussi que le marché des actions américaines subisse une autre baisse importante dans la première moitié de 2023, pour ensuite se redresser vers la fin de l’année.

 

Positionnement et opportunités

Selon notre expertise, voici ce qui, en termes d’opportunités géographiques et sectorielles, devrait se présenter pour cette année. Le marché canadien pourrait profiter de la stabilité des prix des commodités et des importantes compagnies énergétiques. Ces compagnies énergétiques, profitant des prix élevés de l’énergie, redistribuent les profits aux investisseurs avec de généreux dividendes. Gestion CI et JP Morgan sont d’avis que les marchés émergents, tels que la Chine, sont intéressants. La Chine, en voie de retrouver une croissance normale et qui sera supérieure aux autres économies émergentes, attirera les investisseurs et offrira une croissance intéressante aux compagnies chinoises. Les actions européennes sont certainement attirantes, étant donné la baisse de l’euro, mais le contexte géopolitique de la guerre en Ukraine rend le tout encore très incertain. Blackrock insiste que de belles opportunités sont présentement offertes aux investisseurs dans le marché obligataire, offrant des taux de rendement intéressants pour la première fois depuis une décennie. La firme aime notamment les obligations gouvernementales court terme, ainsi que les titres adossés à des créances hypothécaires émis par des agences gouvernementales.

Au niveau des métaux précieux comme l’or et l’argent, le contexte est très favorable, puisque les banques centrales devraient ralentir ou même arrêter les hausses de taux en 2023. Un déclin plus prononcé de l’économie et du marché boursier pourrait notamment attirer encore plus d’argent dans ces valeurs refuges. D’ailleurs, les cryptomonnaies ont connu un échec monumental en 2022 et certains investisseurs feront ainsi la transition vers l’or ou l’argent pour protéger leurs actifs. À noter que l’or a officiellement terminé l’année à 0,4 % de gain dans un contexte de hausse de taux, qui historiquement, est défavorable à celui-ci.

Dans les mois à venir, il sera primordial de faire des choix plus précis sur des secteurs, des régions et des classes d’actifs, plutôt qu’une exposition globale à un indice qui suit le marché, par exemple.

À moyen et long termes, la transition énergétique créera beaucoup d’opportunités d’investissement, alors qu’une énorme réallocation des ressources prendra place dans les services publics, des infrastructures, ainsi que des secteurs manufacturiers et industriels

 

Conclusion

Certes, l’année 2023 apportera son lot de difficultés et d’embûches pour nos portefeuilles et notre budget, toutefois, elle présentera de nombreuses opportunités pour se démarquer. Si vous n’êtes pas convaincu(e) de votre positionnement de portefeuille actuel, n’hésitez pas à demander une deuxième opinion et à évaluer toutes les options qui vous sont disponibles. L’équipe de Groupe Financier Stratège est à votre disposition pour vous conseiller et pour répondre à vos questions.

 

✧ Informez-vous auprès de Gabriel Vézina à gvezina@groupestratege.com | (418) 622-2288 #302

 

Sources:

Gestion CI: https://www.cifinancial.com/ci-gam/ca/en/expert-insights/articles/multi-asset-2023-year-ahead-outlook.html

BDC: https://www.bdc.ca/fr/articles-outils/blogue/perspectives-economiques-2023-matiere-prudence-mais-pas-panique#:~:text=L’ann%C3%A9e%202023%20sera%20toutefois, en%20faire%20trop%2C%20trop%20vite

JP Morgan: https://www.jpmorgan.com/insights/research/market-outlook#:~:text=Stock%20Market%20Outlook&text=Fundamentals%20will%20likely%20deteriorate%20as,rate%20rising%20to%20around%205%25

https://www.jpmorgan.com/commercial-banking/insights/economic-trends

Banque TD:  https://economics.td.com/ca-long-term-forecast#:~:text=Looking%20into%202023%2C%20economic%20growth,to%20perform%20better%20than%20expected

Deloitte: https://www2.deloitte.com/ca/fr/pages/finance/articles/perspectives-economiques.html

Blackrock: https://www.blackrock.com/us/individual/insights/blackrock-investment-institute/outlook