Niveau d’endettement du Canada : quelles sont les conséquences à long terme ?

Par Gabriel Couture

Conseiller en sécurité financière
Conseiller en assurance et rentes collective
Planificateur financier
Représentant en épargne collective

Groupe Financier Stratège

À l’heure où la deuxième vague de la pandémie bat son plein, le gouvernement injecte des milliards pour en minimiser les impacts sur l’économie. Les plus récents chiffres parlent d’eux-mêmes : alors que la dette du Canada s’élevait à 721 milliards $ en 2019, celle-ci totalisait pas moins de 1,2 billion $ en septembre dernier. L’équipe du Groupe Financier Stratège fait le point sur le sujet, afin de répondre aux questions fréquentes sur le fonctionnement de ces investissements inédits et leurs conséquences économiques sur l’avenir de notre pays.

Aux grands maux, les grands moyens

Clarifions d’abord une question qui revient souvent : est-ce que le gouvernement imprime de l’argent ? Pas tout à fait. Afin d’éviter une crise économique imminente, le Canada a eu recours à une politique monétaire exceptionnelle : l’assouplissement quantitatif. En d’autres mots, celui-ci émet des obligations, qui sont achetées par la Banque centrale du Canada. Cette mesure lui permet ainsi de financer ses investissements.

Que se passerait-il si cette dernière n’achetait pas les obligations du gouvernement ? Celles-ci inonderaient par conséquent le marché, entraînant une baisse encore plus importante des taux d’intérêt. La mission de la Banque étant de soutenir les marchés financiers, cette démarche permet d’accroitre la masse monétaire dans ceux-ci et donc, de conserver un niveau d’inflation satisfaisant.

Toutes les banques centrales de la planète ont eu recours à cette mesure, à quelques exceptions près, pour éviter que les marchés ne s’effondrent.

Un gouffre financier ?

Bien sûr, l’assouplissement quantitatif demeure une solution à court terme. Comme tout emprunteur, le Canada devra éventuellement rembourser sa dette. Pour ce faire, celui-ci devra diminuer son bilan financier. Cependant, à quel point le pays s’est-il mis à risque, avec ces investissements économiques sans précédent ?

Pour répondre, il importe d’établir des comparatifs tangibles. Par exemple, pour un individu au revenu annuel de 30 000 $, une dette de 10 000 $ équivaut au tiers de son salaire. Pour l’individu au revenu annuel de 100 000 $, une dette égale ne représente que 10 % de ses gains. Il va donc sans dire que le risque est moindre pour ce dernier.

Dans le cas du Canada, si l’on regarde le ratio dette/PIB (le PIB d’un pays étant comparable au revenu brut pour un individu), nous nous situons à 50 %. Avant la pandémie, nous étions le pays du G7 possédant le plus faible ratio — soit 30 % — contre une moyenne de 100 % pour l’ensemble des pays du G7. En se basant sur ce comparatif, la proportion dette/PIB du Canada est donc tout à fait acceptable. Si l’endettement demeure un facteur préoccupant parmi les enjeux de la pandémie, l’heure n’est pas à l’austérité.

Toutefois, il faut surveiller l’évolution de l’inflation. Plus on donne de l’argent, plus les gens ont de pouvoir d’achat, et plus cela fait monter les prix. C’est le principe de l’offre et la demande. Si la demande augmente plus vite que l’offre, cela entraînera tôt ou tard une hausse du taux directeur, influençant ainsi les autres taux. Ceux-ci toucheront les emprunts du gouvernement, mais aussi vos finances personnelles.

Et si l’on balayait tout sous le tapis ?

Est-ce que le gouvernement pourrait décider de ne pas acquitter sa dette ? Peu envisageable, cette option entraînerait des impacts négatifs majeurs. La Banque centrale du Canada ne finance habituellement pas le gouvernement. Ce sont plutôt d’autres acteurs qui achètent les bons du Trésor et les obligations de ce dernier, comme des compagnies d’assurances ou des institutions bancaires. Si le Canada choisissait de ne pas payer son emprunt, les agences de notation de crédit se tourneraient contre celui-ci. Nous serions qualifiés comme un investissement risqué et il deviendrait onéreux de se financer.

En somme, tant que le financement de la dette ne coute pas trop cher, le Canada ne se trouve pas dans une position critique. Toutefois, si les taux d’intérêt devaient augmenter, le fardeau du pays pourrait s’alourdir considérablement.

Source
De Lancer, A. (animateur) et Dion M. (journaliste économique). (2020,17 novembre). COVID-19: D’où viennent les milliards du gouvernement fédéral? [Épisode de balado]. Dans Ça s’explique. ICI Première.