Un monde économique sous pression
L’année 2024 a été marquée par une instabilité économique persistante, alimentée par des tensions géopolitiques en Europe et au Moyen-Orient. L’inflation, bien que stabilisée dans certaines régions, continue de menacer la croissance mondiale. Dans ce climat incertain, les banques centrales ont adopté des politiques divergentes, cherchant à trouver un équilibre entre le contrôle de l’inflation et le soutien à l’activité économique.
Aux États-Unis, l’économie a maintenu une trajectoire ascendante, avec une croissance du PIB de 3,0 %[1], portée par une consommation résiliente et un marché de l’emploi robuste. Cependant, l’inflation sous-jacente, atteignant 2.9 % en décembre 2024, reste au-dessus de l’objectif de la Réserve fédérale. Cette situation suggère que les taux d’intérêt devraient rester élevés, malgré les pressions politiques en faveur d’un assouplissement monétaire.
Au Canada, le ralentissement économique est plus marqué. Confrontée à une baisse de la demande intérieure et à des tensions commerciales avec les États-Unis, la Banque du Canada a abaissé son taux directeur à 3%[2]. Cette politique vise à stimuler les investissements et l’emploi, dans un contexte où l’inflation reste contenue.
À l’échelle mondiale, l’Europe et la Chine affrontent des défis majeurs. La zone euro peine à retrouver un dynamisme économique, tandis que la Chine lutte contre une crise immobilière et un ralentissement des exportations, malgré des mesures de soutien budgétaire.
Prévisions économiques 2025 : Les États-Unis entre croissance et incertitudes
L’année 2025 s’annonce comme une période charnière pour l’économie américaine, où des forces contradictoires façonneront l’évolution des marchés et des politiques économiques. D’un côté, les mesures fiscales expansionnistes du gouvernement Trump, notamment les baisses d’impôts, les investissements en infrastructures et la déréglementation, devraient soutenir la croissance. De l’autre, la persistance de l’inflation et la posture restrictive de la Réserve fédérale risquent de prolonger un environnement de taux d’intérêt élevés, limitant ainsi l’ampleur de l’expansion économique.
La Réserve fédérale semble peu disposée à baisser ses taux dans l’immédiat, malgré les pressions politiques croissantes. Sa priorité sera de maintenir un contrôle strict sur les prix avant d’envisager un assouplissement monétaire. Ce choix pourrait freiner certains investissements et ralentir la dynamique de l’emploi, mais il est perçu comme une nécessité pour éviter un retour de tensions inflationnistes plus fortes.
Dans le même temps, les valorisations des actifs financiers aux États-Unis atteignent des niveaux historiquement élevés, soutenues par l’optimisme des investisseurs quant aux promesses économiques du gouvernement. Toutefois, cette euphorie expose les marchés à des risques de correction si les attentes en matière de croissance et de politique budgétaire ne se concrétisent pas pleinement. Une correction brutale des marchés financiers pourrait affecter la confiance des investisseurs et freiner l’expansion économique.
La course à l’IA parmi les géants technologiques entraînera des dépenses d’investissement record, avec Microsoft dépassant les 90 milliards de dollars, suivi par Amazon (77 milliards), Alphabet (75 milliards) et Meta (65 milliards). Ces investissements massifs visent à asseoir une domination dans l’IA et l’informatique en nuage, mais les préoccupations sur la rentabilité à court terme ont déjà généré de la volatilité, comme en témoigne la baisse de 7 % du titre Google après ses résultats trimestriels. La concurrence accrue dans le cloud obligera les entreprises à prouver la monétisation de l’IA sous peine de nouvelles corrections boursières. Ainsi, les investisseurs devront naviguer entre des risques élevés et un potentiel de croissance à long terme dans les actions technologiques dominées par l’IA.[3]
Par ailleurs, l’approche transactionnelle de l’administration Trump en matière de politique étrangère et commerciale continue de susciter des incertitudes. Les récentes négociations avec le Mexique et le Canada, notamment sur la lutte contre le fentanyl et le contrôle des flux migratoires, témoignent d’une volonté de faire des relations internationales un levier stratégique. Cependant, les impacts économiques de ces initiatives restent flous, et les risques de tensions commerciales persistent.
Le Canada : entre ajustement monétaire et défis économiques
L’économie canadienne entame 2025 dans un contexte incertain, marqué par une politique monétaire plus accommodante pour soutenir la croissance. La Banque du Canada a réduit son taux directeur à 3 % et prévoit trois nouvelles baisses cette année afin de stimuler l’investissement et la consommation. Cependant, la reprise reste fragile, notamment en raison des tensions commerciales avec les États-Unis et des défis structurels internes. Le marché immobilier montre des signes de stabilisation, mais l’endettement élevé des ménages et les pressions inflationnistes pourraient limiter l’efficacité des mesures de soutien.
Sur le plan commercial, les secteurs manufacturier et énergétique sont particulièrement exposés, incitant le pays à diversifier ses débouchés vers l’Europe et l’Asie. Par ailleurs, la transition énergétique offre des opportunités stratégiques, le Canada pouvant capitaliser sur ses ressources naturelles et ses infrastructures pour renforcer son rôle dans l’économie verte mondiale grâce aux investissements dans les énergies renouvelables et les technologies propres.
Malgré ces défis, le Canada conserve des bases économiques solides, avec une stabilité macroéconomique et un cadre fiscal attractif. Pour assurer une croissance durable, le pays devra adopter des stratégies axées sur l’innovation, l’amélioration de la compétitivité industrielle et l’expansion vers de nouveaux marchés. En 2025, la capacité d’adaptation et la résilience seront des facteurs déterminants pour surmonter les incertitudes et tirer parti des nouvelles dynamiques économiques mondiales.
Un marché mondial sous tensions
Alors que l’Amérique du Nord et les principales économies mondiales s’adaptent à une ère d’incertitude commerciale et d’ajustements économiques, les investisseurs doivent repenser leur stratégie face aux nouvelles réalités du marché. L’Union européenne, sous la menace de nouvelles restrictions américaines sur ses exportations, envisage de riposter par des taxes ciblées sur les importations américaines. Ces mesures pourraient perturber les chaînes d’approvisionnement et ralentir la reprise économique post-pandémie. La Chine, quant à elle, continue d’exercer une pression sur les marchés globaux, avec des restrictions sur l’exportation de matières stratégiques et des tensions commerciales accrues avec les États-Unis.,
Le marché financier devra faire face à plusieurs défis. Les chocs pétroliers liés au conflit en Ukraine, ainsi que la mise en place de nouvelles réglementations économiques, devraient accroître la volatilité. De plus, l’arrivée de la société chinoise DeepSeek et son intelligence artificielle avancée ont impacté la bourse américaine. Nvidia, leader du secteur des semi-conducteurs, a vu son action chuter de 17%, représentant une perte de capitalisation de 600 milliards de dollars[4]. Le Nasdaq a reculé de 3 %[5], soulignant la nervosité des investisseurs face à la montée en puissance de cette concurrence chinoise.
Recommandations pour la gestion des portefeuilles en 2025[6]
L’année 2025 sera marquée par une dynamique contrastée entre une croissance économique résiliente, une politique monétaire prudente et des tensions géopolitiques persistantes. Dans ce contexte, une gestion proactive des portefeuilles s’impose.
Voici les principales recommandations :
- Allocation d’actifs : Priorité aux actions américaines
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- Surpondérer les actions américaines, qui bénéficient d’une dynamique économique robuste et d’un leadership technologique affirmé.
- Conserver une exposition neutre aux actions canadiennes, dont la valorisation attractive pourrait compenser les incertitudes commerciales avec les États-Unis.
- Sous-pondérer les actions européennes et les marchés émergents, notamment en Amérique latine, en raison des risques économiques et politiques accrus.
- Rester sélectif sur l’Asie : des opportunités existent en Asie du Sud-Est grâce à la croissance interne, tandis que la prudence est de mise sur la Chine en raison des tensions commerciales et des fragilités du marché domestique.
- Titres à revenu fixe : Sélectionner les opportunités adaptées
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- Miser sur des obligations à rendement élevé et des prêts à effet de levier pour optimiser le couple rendement-risque.
- Surpondérer les titres de créance des marchés émergents présentant des fondamentaux solides.
- Rester neutre sur les obligations de première qualité, où les écarts de taux serrés limitent le potentiel de rendement.
- Marchés privés : Diversification et positionnement stratégique
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- Accroître l’exposition aux infrastructures mondiales, notamment dans le secteur des centres de données et des énergies renouvelables, soutenus par des politiques gouvernementales favorables.
- Favoriser le crédit privé, qui demeure attractif malgré le durcissement des conditions bancaires.
- Adopter une position prudente sur l’immobilier américain, qui pourrait profiter de l’assouplissement monétaire tout en restant vulnérable aux incertitudes politiques.
- Matières premières et diversification
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- Maintenir une exposition stratégique à l’or, actif refuge en période d’incertitude.
- Gérer prudemment les investissements dans le pétrole en raison des tensions géopolitiques affectant les prix.
- Gestion des risques et ajustements dynamiques
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- Suivre attentivement les politiques économiques post-électorales aux États-Unis, qui influenceront les marchés.
- Anticiper les impacts des tensions commerciales sur les flux économiques mondiaux.
- Adapter l’exposition aux taux d’intérêt selon l’évolution des politiques monétaires.
- Diversifier intelligemment entre zones géographiques et classes d’actifs pour limiter les risques liés aux incertitudes macroéconomiques.
L’année 2025 marque un tournant économique où l’incertitude reste omniprésente. Les décisions monétaires, les évolutions géopolitiques et les avancées technologiques façonneront les dynamiques de croissance et les stratégies d’investissement.
Dans ce contexte, la flexibilité sera primordiale pour s’adapter aux changements rapides du marché, tandis que la diversification permettra de limiter l’exposition aux risques systémiques. Enfin, une anticipation stratégique des tendances économiques et sectorielles offrira un avantage décisif pour tirer parti des opportunités émergentes.
Plus que jamais, une gestion proactive et une approche sélective des investissements seront les clés pour traverser 2025 avec succès et prospérer dans un environnement en mutation constante.
Article rédigé par Groupe Financier Stratège
Sources:
[1] Source : Bloomberg, au 31 décembre 2024
[2] https://www.banqueducanada.ca/grandes-fonctions/politique-monetaire/taux-directeur/
[3] https://www.wsj.com/tech/ai/the-ai-spending-race-is-still-on-as-google-antes-up-6671401d?mod=finance_lead_story
[4] https://www.wsj.com/finance/stocks/the-day-deepseek-turned-tech-and-wall-street-upside-down-f2a70b69
[5] https://www.wsj.com/livecoverage/stock-market-today-dow-sp500-nasdaq-live-01-27-2025
[6] https://www.manulifeim.com/institutional/ca/fr/multi-asset-outlook#th-mes-cl-s—l–chelle-mondiale